lundi 18 février 2013

SANTO TOMÁS



Evènement culturel à Santo Tomás.
Le 18 décembre dernier, lors de la projection au Qorikancha (Cusco) des deux documentaires dédiés à Luis Figueroa et Florentino Laime, celui-ci nous avait invités à les présenter aussi dans sa ville de Santo Tomás, capitale de la province de Chumbivilcas d'où il est originaire et dont il est maire pour la deuxième fois.
Santo Tomás se situe à environ six heures de voiture de Cusco – 7 heures minimum en autobus – en passant par les petites villes de Paruro et Capacmarca. Cela fait cinq ans que nous n'avons pas pris cette route. Elle est maintenant goudronnée jusqu'à Yaurisque, ce qui permet aux populations environnantes de voyager dans de meilleures conditions et d'économiser pas mal de temps de voyage.
Le 17 janvier, nous partons en 4x4 en compagnie de Raimunda, l'épouse de Florentino, et de Maryse, jeune volontaire qui travaille au Dortoir Qosqo Maki depuis un an et demi, sans compter nos 80 kg de bagages, car le voyage va se poursuivre jusqu'à Arequipa où nous prendrons l'avion de retour pour la France.

Santo Tomás, capital de la provincia de Chumbivilcas

Evento cultural en Santo Tomás.
El 18 de diciembre, cuando proyectamos en el Qorikancha los dos documentales dedicados a Luis Figueroa y Florentino Laime, él nos invitó a presentarlos también en su ciudad de Santo Tomás, capital de la provincia de Chumbivilcas de donde es oriundo y de la cual es alcalde por segunda vez.
Santo Tomás se sitúa a unas seis horas de carro del Cusco – 7 horas mínimo en autobús - pasando por las pequeñas ciudades de Paruro y Capacmarca. Desde hace cinco años no hemos tomado esta ruta y constatamos que la carretera está ahora asfaltada hasta Yaurisque, lo que les permite a las poblaciones viajar en mejores condiciones y ahorrar bastante tiempo de viaje.
El 17 de enero salimos en carro 4x4 acompañados de Raimunda, la esposa de Florentino y de Maryse, una joven voluntaria que trabaja en el Dormitorio Qosqo Maki desde hace año y medio, sin contar con los ochenta kg de nuestros bultos - porque el viaje continuará hasta Arequipa para tomar el avión de vuelta a Francia.

Santo Tomás compte maintenant environ 15.000 habitants. Avec l'expansion du secteur minier, la ville s'est beaucoup étendue et change petit à petit, les rues se sont améliorées, mais nous reconnaissons tout de suite la jolie place, la cathédrale et le marché.




Santo Tomás cuenta ahora con 15,000 habitantes. La ciudad ha crecido bastante con la extensión de la minería y notamos unos cambios como las calles que han mejorado, pero en seguida reconocemos la bonita plaza de Armas, la Catedral y el mercado.

Le lendemain matin, le maire nous invite à visiter des travaux à Patapampa, dans la communauté de Fpuisa, de l'autre côté du fleuve. Nous sommes étonnés du nombre de pistes et de leur bon état, de nombreuses voitures circulent à présent et il y a même une école de conduite un peu à l'extérieur de la ville… Des ouvriers travaillent sur le chantier avec des machines modernes et nous remarquons même une femme qui conduit un rouleau compresseur.

Al día siguiente, por la mañana, el alcalde nos invita a visitar unas obras en Patapampa, comunidad de Fpuisa, del otro lado del río. Nos llaman la atención las pistas que se han desarrollado mucho, numerosos carros circulan ahora y hasta hay una autoescuela un poco fuera de la ciudad... En el lugar mismo trabajan muchos obreros con unas maquinarias modernas, y hasta notamos que una mujer conduce una apisonadora.


Santo Tomás vu de/desde Patapampa



Selon la coutume, à la fin de la visite, nous sommes invités à partager le repas des ouvriers,  une délicieuse soupe de quinoa, des pommes de terre et du fromage de la région. À la fin du déjeuner, avant la reprise du travail, se tient une réunion durant laquelle les ouvriers s'adressent directement au maire et où ils peuvent exprimer leurs opinions et faire des demandes aux autorités. Nous apprenons qu'ils travaillent depuis plusieurs semaines sans jour de repos parce que le chantier doit être terminé pour les fêtes du Señor Justojuez qui auront lieu en février. Les ouvriers demandent au maire s'il leur sera possible de toucher leur salaire complet le jour de la fin des travaux. Florentino et le chef de chantier les remercient tout d'abord pour l'excellent travail accompli puis accèdent à leur demande.




Según la costumbre, al final de la visita estamos invitados a compartir la comida con todos los obreros, una deliciosa sopa de quinoa y papas nativas con queso fresco de la región. Terminado el almuerzo, antes de volver a trabajar, todos se juntan para una charla durante la cual los obreros se dirigen directamente al alcalde y pueden expresar sus opiniones y demandas a las autoridades. Nos enteramos de que están trabajando desde hace varias semanas sin días de descanso porque las obras tienen que terminarse para las fiestas del Señor Justojuez, en febrero, y le piden al alcalde si será posible recibir su sueldo completo el día mismo cuando terminen el trabajo. Florentino y los responsables primero les agradecen mucho por el buen trabajo hecho y acceden a su demanda. 

Enfin, nous rentrons à Santo Tomás où Raimunda nous attend avec un autre déjeuner : truite du fleuve, épis de maïs, chuño, fromage local…




Luego volvemos a Santo Tomás donde nos espera la esposa de Florentino con otro almuerzo : trucha del río, choclo de maíz, chuño, queso... 



Dans la soirée Florentino nous invite à visiter son bureau à la mairie. Il est temps à présent de préparer la salle pour la projection.
Les premiers spectateurs se présentent vers 6 heures et demi, et quand arrivent les invités d'honneur, les parents de Florentino que nous avions filmés aux champs, la salle est déjà presque pleine. Après les paroles de bienvenue de la Municipalité, Renée présente le programme de la soirée, explique en quoi consiste le projet Puka q'aytu et rappelle que c'est la quatrième fois que nous venons à Santo Tomás.


Doña Eulogia, don Aniceto y su hija, hermana de Florentino



Por la tarde Florentino nos invita a visitar su oficina en la municipalidad, y ya es tiempo de preparar la sala para el evento. Los primeros espectadores se presentan a partir de las seis y media y a las siete, cuando llegan los invitados de honor, los padres de Florentino que habíamos filmado en su chacra, la sala ya está casi llena. Después de las palabras de bienvenida por parte de la municipalidad, Renée presenta el programa de la noche, explica en qué consiste el proyecto Puka q'aytu y recuerda que es la cuarta vez que Jean-Louis y ella vuelven a la ciudad. 



Et la projection commence. Le premier film, sur le cinéma andin de Luis Figueroa Yabar, fait réagir le public, particulièrement pendant les extraits qui font référence aux coutumes ancestrales telle que l'offrande à la Terre Mère, aux travaux des champs dans le film "Kukuli", ou encore à la lutte des paysans contre le système féodal qui prévalait à l'époque.
Il semble que personne ici n'ait eu la possibilité de voir les longs métrages de Luis Figueroa, Los perros hambrientos ou Yawar Fiesta avant cette projection. Un peu plus tard Florentino nous confiera son souhait de les projeter un jour ou l'autre…






Y empieza la función. La primera película sobre el cinema andino de Luis Figueroa Yábar hace reaccionar al público más que todo en los momentos que hacen referencia a las tradiciones ancestrales, por ejemplo el pago a la Pachamama, a los trabajos del campo en la película Kukuli o también a la lucha de los campesinos contra el gamonalismo. Parece que hasta ahora nadie aquí ha podido ver los largometrajes de Luis Figueroa, Los perros hambrientos o Yawar Fiesta. Más tarde Florentino nos confiará su deseo de proyectarlos algún otro día.



La deuxième partie de la soirée a encore plus d'impact sur le public. Pendant la projection les parents de Florentino réagissent en voyant leur fils, leur petit-fils et enfin eux-mêmes sur grand écran. Ce sont des moments de surprise et de forte émotion pour tous les membres de la famille qui assistent à la soirée. Quant au public, presque tous ignoraient  "la segunda cara" de leur maire, le peintre, car peu d'entre eux ici avaient vu ses peintures et connaissaient ses thèmes d'inspiration…

La segunda parte de la noche impacta todavía más al público. Durante la proyección los padres de Florentino reaccionan al ver a su hijo, a su nieto y por fin a si mismos en la pantalla, son momentos de sorpresa y de mucha emoción para todos los miembros de la familia que están presentes. En cuanto al público en general casi todos ignoraban hasta ahora "la segunda cara" de su alcalde, el pintor, pocas personas aquí habían visto sus pinturas y conocían sus temas de inspiración...

À la fin du reportage, Florentino relate brièvement son enfance dans la communauté de Wakuyu. Il a toujours aimé dessiner et peindre et il lui arrivait de fabriquer ses pinceaux avec des soies de porc – ou même avec ses propres cheveux. Il raconte ses études à l'école des Beaux-Arts de Cusco, ces années difficles quand il avait à peine de quoi manger et qu'il travaillait de nuit aux abattoirs municipaux. Il décrit le plaisir mais aussi la difficulté et la souffrance qu'engendre la peinture quand il veut faire passer sur la toile ce qu'il a en tête, il dit qu'il lui est arrivé de peindre en chantant, en riant et en pleurant parfois…




Al final de la proyección Florentino relata brevemente su infancia en la comunidad de Wakuyu. Siempre le ha gustado dibujar y pintar y de niño se fabricaba pinceles con cerdas y hasta se cortaba a veces el propio pelo; cuenta sus estudios en la escuela de Bellas Artes del Cusco y lo difíciles que fueron estos años cuando apenas tenía para comer y trabajaba de noche en el matadero municipal; describe el placer pero también la dificultad y el sufrimiento que engendra la pintura, cuando quiere plasmar en la tela lo que tiene en la mente; dice que ha pintado cantando, riendo y llorando a veces...



Puis viennent les réactions du public, les félicitations, les commentaires et questions.
·       "C'est un honneur pour la population de Chumbivilcas d'avoir un artiste qui la représente et qui fasse connaître ses coutumes dans le pays et à l'étranger."
·       "Comment est-ce possible que Florentino Laime Mantilla soit connu en Europe, au Canada et aux Etats-Unis et qu'on ne connaisse pas ses œuvres dans son propre pays?"
·       "Combien vaut un tableau?"
·       "Que représente pour lui la couleur rouge?"…
Tous se sentent fiers de leur culture et de leur maire. 



Femmes tissant / Tejedoras de Chumbivilcas



Después vienen las reacciones del público : felicitaciones, comentarios y preguntas.
-       "Es un orgullo para la población de Chumbivilcas tener un artista que la represente y que difunda sus costumbres en el país y en el extranjero",
-       "¿Cómo puede ser que Florentino Laime Mantilla sea conocido en Europa, en Canadá o en Estados Unidos mientras que en su propio país no se conoce su pintura?",
-       "¿Cuánto vale un cuadro?",
-       "¿Qué representa para él el color rojo?"...
Todos se sienten orgullosos de su cultura y de su alcalde... 

La presse locale vient nous demander une interview qui sera publiée dans les journaux du lendemain et sur l'antenne de radio Santo Tomás.
La soirée se termine chez Florentino en compagnie de sa famille, de ses amis et collaborateurs les plus proches autour d'un (ou plusieurs) verre(s) de bière en parlant encore d'art et de peinture…



La prensa local se acerca a nosotros para una entrevista que se publicará en los periódicos de mañana y para las noticias de radio Santo Tomás. La noche termina en casa de Florentino, con su familia, sus amigos y colaboradores más cercanos, compartiendo una(s) cervecita(s) y siguiendo hablando de arte y pintura... 



Autoretrato
Autoportrait
Florentino Laime

Quelques jours plus tard nous quittons Santo Tomás pour Arequipa en traversant l'Altiplano, voyageant plusieurs heures à 4700 mètres d'altitude. Nous découvrons la région d'Espinar où s'étendent les mines à perte de vue, comme une profonde blessure à la Pachamama…  Mais il est vrai que ces mines apportent aussi emploi, développement et modernité aux communautés.






Unos días después salimos a Arequipa viajando varias horas por el Altiplano, a 4,700 msnm. Descubrimos la zona de Espinar donde se extienden las minas, parece que la Pachamama lleve una herida muy profunda... Pero también la explotación de las minas trae empleo, desarrollo y modernidad en las comunidades. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire